Vaste sujet de l’enseignement de Rûmî, « mourir avant de mourir », nous invite encore et encore au polissage du coeur et au « lâcher-prise ».
Si tu veux connaître la véritable Beauté, renonce à l’attachement de l’apparence de la beauté, ne rejette pas la Beauté!
L’attachement à l’attribut de la beauté, c’est un peu comme un bateau attaché au port, tant qu’il reste accroché, il ne peut faire l’expérience de la mer!
Un sage vit un jour un paon arrachant ses plumes une à une de son bec; il lui demanda: « Ô paon, comment arraches-tu de si belles plumes, sans éprouver de remords? Comment en vérité ton coeur consent-il à ce que tu arraches ces robes splendides et les laisses tomber dans la boue? […] Quelle ingratitude et quelle insouciance! Ne sais-tu pas qui les a décorées? Ou bien le sais-tu et témoignes-tu du dédain en déchirant volontairement une si belle broderie? Le lieu de la sécurité est la voie de l’abaissement: renonce au dédain et satisfais-toi de cette voie. […] Puisque Dieu fait sortir les vivants des morts, celui qui est devenu mort (à ce monde) suit le droit chemin. Et puisqu’il fait sortir les morts des vivants, l’âme vivante (charnelle) se meut vers un état de mort. Meurs afin que le Seigneur qui fait sortir les vivants puisse tirer un vivant spirituellement de ce mort. N’arrache pas tes plumes car c’est irréparable; ne déchire pas ton visage de chagrin, ô beauté. Ou bien ne vois-tu pas ton visage? Renonce à cette obstination qui t’empêche de le voir. » (Mathnawî V, 536)
L’intermède musical est tiré de l’album : Baba Taher Podcast: Mourir avant de mourir