Quand le coeur témoigne, quel besoin du témoignage de la langue? (chapitre 11 du Livre du Dedans.) « L’extase dans le coeur anéantit tous les autres sens et la langue devient futile » nous dit Rûmî.
Comment comprendre et investir cet enseignement? Nous pourrions dire que tout effort fourni pour témoigner de notre proximité en Dieu est vain. Il est même la source et la cause de la non-réalisation de ce désir. En effet, tant que nous fournissons des efforts pour nous assurer de notre immersion en Dieu, nous sommes, en réalité, occupés à nous maintenir à distance de Dieu! Nos efforts ne seront récompensés que par une perte d’énergie précieuse et un douloureux constat. « Nous sommes sur le rivage, non pas dans l’Océan. »
Seul, le fait de cesser toute agitation, tout effort, tout bavardage, pourra nous permettre de nous plonger dans l’immensité de l’Océan divin et de faire l’expérience de l’immersion. Lorsque un seul sens est satisfait, tous les autres le sont également. C’est un peu comme posséder un pot de miel, de savoir qu’à l’intérieur il y a du miel et de ne jamais le goûter. De se contenter de dire : « ceci est un pot de miel ». Cette affirmation ne pourra en rien être comparée à l’expérience de goûter le miel ! Seul le fait de goûter, nous donnera une expérience et une satisfaction gustative. Seul, le fait de plonger dans l’Océan, nous permettra de vivre l’expérience de se laisser porter par l’eau… par Dieu! Tant que nous fournissons des efforts pour définir quelque chose, expliquer une situation, justifier une attitude, nous sommes en fait séparés de ce que nous recherchons.
Quand le coeur témoigne de la présence de Dieu, la parole devient inutile. Le silence est d’or! Aucun mot ne peut décrire cette expérience ! Elle se vit ! C’est dans le silence le plus profond, dans la tranquillité la plus pure que nous pouvons faire l’expérience de l’immensité de l’Océan en nous ou de l’immensité du Ciel en nous. De la présence de Dieu en nous. C’est lorsque nous cessons tout mouvement, toute tentative de contrôle, que nous pouvons nous abandonner et nous laisser flotter sur l’océan. Est-il noyé celui qui crie : « je suis noyé ! » De même, peut-il témoigner le coeur si la langue parle?
Osons regarder d’un peu plus près les situations que nous vivons, celles dans lesquelles nous fournissons tant d’efforts? Honnêtement, quels résultats obtenons-nous ainsi?
Prenons un temps pour interroger notre corps au sujet des tensions, crispations, douleurs, raideurs que nous maintenons avec tant d’efforts. Si nous les relâchions ? Si nous en prenions conscience ? Qui témoignerait en nous ? Que découvririons-nous alors au sujet de nos efforts ? Je ne peux que vous inviter à pratiquer durant quelques semaines, régulièrement, la méditation « les trois étapes » pour comprendre et investir mes propos.
Quand le coeur témoigne, quel besoin du témoignage de la langue?
Podcast : Quand le coeur témoigne