Le souffle

Lorsque nous avons respiré à l’air libre pour la première fois, il y eut un cri, puis la respiration s’est mise en mouvement. Ce premier cri est le cri de la souffrance de la séparation d’avec la Source. Dès lors, nous sommes devenus l’instrument de Dieu, comme un Ney (flûte de roseau) avec lequel il fait résonner son chant d’Amour. Nous sommes devenus l’intermédiaire permettant de rendre manifeste la Beauté divine! Notre rôle est de laisser cette flûte aussi pure et libre que possible. Nos os étant les conduits matériels du souffle subtil (le Ruh) et nos méridiens les conduits subtils. Nous sommes munis de neuf notes pour jouer cette partition, Dieu étant auteur, compositeur et chef d’orchestre. De ce fait, le souffle joue un rôle capital dans la voix de l’éveil spirituel et il est de notre devoir d’en prendre soin.
Toutefois, nous rencontrons aujourd’hui encore, une majorité de personnes ne sachant pas ce que peut réellement la respiration lorsqu’elle est canalisée et consciente. La respiration est un réflexe certes, et nous oublions bien trop souvent de l’observer, de la suivre, de nous mettre à l’écoute de ce qu’elle pourrait nous apprendre de nos états émotionnels, physiques ou spirituels. Combien de personnes n’ai-je pas vues en cabinet, ne se rendant pas compte qu’elles ne respiraient que superficiellement, juste suffisamment pour rester en état de survie, mais pas assez pour nettoyer leurs états d’âme, leurs douleurs physiques, leurs troubles!
A l’âge de treize ans j’ai commencé la pratique du yoga et de la méditation, à vingt-deux ans je maîtrisais suffisamment ma respiration pour pouvoir envoyer le souffle dans des organes précis. A 30 ans je me suis formée à la respiration de transe, aux états modifiés de conscience, à la purification des nadis (canaux d’énergie) aux mystères des chakras et au souffle subtil. Aujourd’hui je peux dire que grâce à cette mise en pratique j’en ressens d’autant plus l’importance! Je peux parler par expérience personnelle surtout et professionnelle. J’ai passé l’essentiel de ma pratique professionnelle à enseigner l’art du souffle, bien peu ont véritablement « entendu », pu prendre cet enseignement! Pourtant je sais que rien n’est perdu et qu’il faut parfois des années avant qu’une graine ne germe dans le coeur! Il faut un besoin sincère de Vie pour que se manifestent les richesses!
Alors, comment s’y prendre pour utiliser le souffle en terme d’éveil spirituel? Je crois que le plus simple et à la portée de chacun est de se mettre à l’écoute de ce qui se passe réellement à l’intérieur de notre corps. Comment réagit mon souffle quand je reçois une bonne nouvelle? et une mauvaise? Qu’est-ce qui se crispe en moi lorsque j’ai peur ou que je suis engagé dans un conflit? Qu’est-ce qui m’anime lorsque je me mets en colère avec mon conjoint ou mes enfants, un collègue, un supérieur, un ami ou un inconnu? A quel moment mon ventre se contracte-t-il? Mes orteils se cramponnent-ils? Mon souffle devient-il plus court et plus rapide? Quand je me sens calme, en confiance et que mon mental cesse son manège que se passe-t-il alors avec mon souffle? Si j’écoute une musique structurée, une musique sacrée, des sons guérisseurs ou si je baigne dans une musique chaotique et agressive, trop forte, dépourvue de structure? Voilà un point de départ pour se mettre en éveil des messages du souffle. Observer, prendre note des faits, les reconnaître (re-co-naître: naître à nouveau avec eux, les laisser naître!) et laisser être sans s’y attacher ni vouloir en changer volontairement le contenu! L’étape suivante sera la pratique  consciente de respirations spécifiques en terme de nettoyage physique, émotionnel et spirituel des canaux énergétiques, de mouvements simples, de méditations, de récitations de prières et de lectures sacrées, le tout quotidiennement, matin et soir, comme une douche salvatrice! C’est ce que les soufis appellent « polir » le coeur, le dépouiller des scories de rouille pour le rendre aussi brillant qu’un miroir! Ceci demande persévérance, foi et engagement personnel. Un disciple demanda un jour à Rûmî : « Y a-t-il un chemin plus court que la prière pour atteindre le but? » « OUI » répondit Mawlânâ « encore plus de prière! » La voie de rectitude est la voie la plus courte! C’est pour cette raison qu’elle est si difficile! Bien des personnes se contentent d’une pratique superficielle, sans méditations ni prières, il faut être bien conscient que le résultat sera en proportion de l’investissement. Et qu’en matière de spiritualité il n’y a pas de petits investissements! Le souffle ne fait pas exception à cette règle!
Nous avons trois centre principaux, correspondant à trois états bloquant la libre circulation du souffle, ou trois attitudes spécifiques. Le centre du coeur, situé au niveau du thorax, pour le plan physique avec comme attitude l’attachement; le centre de la parole et de l’écoute situé  au niveau de la gorge pour le plan émotionnel et l’attitude de la colère; et le centre de l’Esprit au sommet de la tête incluant le troisième oeil pour le plan spirituel avec l’attitude de fermeture d’esprit. Si nous travaillons avec notre souffle au niveau du coeur il nous deviendra possible de transformer l’attachement, nous pourrons peu à peu vivre ce dépouillement nécessaire et voir s’installer un sentiment de confiance, de bien-être permanent, de contentement, de joie et de liberté intérieure, un sentiment d’imperturbabilité! Si nous pratiquons de même au niveau de la gorge il nous deviendra alors possible de voir se transformer l’énergie de la colère en amour et tendresse compatissante, et nous verrons se transformer notre fermeture d’esprit en pure lumière en pratiquant souffle et méditation au niveau de la tête.

Je vous propose des méditations dans la catégorie Méditations, les mouvements feront l’objet d’un nouvel article.

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Prééternité

Avant qu’il existât en ce monde le jardin, la vigne, le raisin,
Notre âme était enivrée du vin éternel.
Nous avons proclamé « Ana-l-Haqq » (je suis la Vérité Suprême) dans le Bagdad du monde spirituel,
Avant la parole de Mansûr, le jugement et le gibet.
Avant que l’Ame universelle devint l’architecte du limon terrestre,
Dans la taverne des Réalités divines, notre vie était heureuse.
Notre âme était comme l’univers, la coupe de l’âme pareille au soleil.
Par le vin de l’âme, l’univers était noyé dans la lumière.
O échanson, enivre ces êtres charnels, emplis d’orgueil,
Afin qu’ils sachent tous de quelle joie ils ont été éloignés !
Que la vie soit consacrée à un échanson qui arrive par la voie de l’âme,
Afin qu’il retire le voile à tout ce qui était voilé.
Nous sommes restés éblouis devant cet échanson :
Son vin ne donnait pas de langueur, son miel ne venait pas des abeilles.
Ferme nos lèvres, ô échanson ! sinon sera divulgué le secret
Enfoui comme un trésor dans la septième profondeur de la terre.
O Tabriz ! Dis-nous si tu te souviens de cette époque
Où le soleil de la foi n’était pas manifesté en Shams-od-Din. (Odes mystiques 731)

Podcast: Prééternité

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Chercheur de Vérité

Lorsque se fait sentir le besoin de Vérité, le chercheur espère trouver une voie facile à suivre qui le ravira et lui procurera joies et satisfactions. Il devra peut-être essayer plusieurs chemins avant de trouver celui qui lui convient. Celui qui convient à son âme n’est pas forcément celui qui satisfait son égo! C’est même certain! Le chemin est difficile parce que exigeant!

Au tout début, le chercheur a tendance à confondre développement personnel et développement spirituel. Il prend les mots dans leurs sens premiers et s’investit alors dans cette quête de lui-même, ce qui en soi, est bon. Où les choses se gâtent un peu, voire beaucoup, c’est quand il prend ses désirs, ses aspirations pour dieux. Là Ilâha illà Lhâh (il n’y a pas d’autre dieu que Dieu) ! A méditer sur un très long terme…..

Pour accéder à la toute Miséricorde de Dieu, il convient de laisser de côté ses désirs, ses satisfactions personnelles, ses fantasmes, ses croyances. Il convient de se dépouiller! Comme les arbres de leurs feuilles à l’automne! Chaque feuille tombée étant le reflet d’un attachement à soi-même. Au printemps, de nouvelles feuilles poussent pour un temps. Le temps de mûrir et de croître spirituellement et à l’automne suivant, il conviendra à nouveau de s’en débarrasser, de se dépouiller, de se « dé-taché »! Il y a un temps juste pour tout! Un temps pour naître, un temps pour grandir en taille et en intelligence, un temps pour expérimenter, dépasser ses limites et produire, un temps pour moissonner, un temps pour savourer, un temps pour renoncer, un temps pour mourir! Rien de nouveau ne peut naître si la mort n’est pas d’abord survenue! Mourir avant de mourir (le Livre du Dedans) signifie quitter, se dépouiller de ses attachements. Polir son coeur, le débarrasser de ses scories, de la « rouille » qui le recouvre. Retirer un voile d’ignorance pour que l’amour puisse croître et rayonner.

Le Prophète Mohammad (sur lui le salut) récitait chaque jour cette prière à l’aube et le soir: « Mon Dieu, mets une lumière en mon coeur, une lumière dans ma bouche, une lumière dans mes oreilles, une lumière dans mon regard, une lumière dans ma chevelure, une lumière dans ma peau, un lumière dans ma chair, une lumière dans mon sang, une lumière dans mes os, une lumière dans mes mains, une lumière derrière moi, une lumière sur ma droite, une lumière sur ma gauche, une lumière au-dessus de moi, une lumière au-dessous de moi. O mon Dieu, fais-moi croître en lumière, donne-moi la lumière, fais que je sois lumière ». Ceci pour se rapprocher chaque jour davantage de Dieu et de Ses Bienfaits.

Si un chercheur de Vérité récite et médite cette prière chaque jour, il sentira alors la force et le pouvoir de celle-ci sur son coeur et comprendra peu à peu ce qu’est cette lumière d’Amour. Il parviendra de cette manière à se connaître et à chercher sincèrement le rapprochement de Dieu. Chercher à se connaître à la Lumière de Dieu est bien autre chose que le développement personnel n’est-ce pas? Et la Lumière d’amour divin bien autre chose que l’amour-propre! Le chercheur de Vérité sera sans cesse interrogé en son coeur sur sa foi, les valeurs divines et le respect de son engagement. Pour quiconque renonce à soi-même, tous les buts, religieux et profanes, deviennent accessibles. Personne ne s’est jamais plaint de cette voie. (Le Livre du Dedans ch. 39)

Podcast: Chercheur de vérité

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Tristesse et pardon

La tristesse nous l’expérimentons tous plus ou moins souvent et régulièrement, jusqu’au moment où il nous devient évident que nous en sommes seuls responsables et qu’il ne tient qu’à nous de nous en libérer. Ce qui rend triste est généralement un sentiment d’abandon, de rejet, de refus à notre encontre, de solitude ou d’isolement comme le deuil, le divorce, la trahison et la perte d’illusions, le départ à l’étranger d’un être cher…. Notre affect est touché et le plus souvent nous nous identifions à la situation et à l’émotion qui en découlent! Quand nous sommes en état de tristesse, nous nous accrochons à l’aspect ou à la croyance extérieur d’une séparation, alors que la vraie séparation se trouve à l’intérieur! La personne triste souffre de son incapacité à accepter qu’elle ne regarde pas le Divin, qu’elle ne Le voit pas, qu’elle n’est pas avec Lui . Elle n’a pas conscience qu’Il est avec elle, qu’Il la regarde et qu’Il la voit! Seul, celui qui regarde verra qu’il est regardé !Pour se libérer de la tristesse il y a une méthode bien simple à appliquer, pas facile mais simple! Regarder la personne qui est rendue responsable de notre état de tristesse, puisque persuadé que c’est à cause d’elle… et lui donner, par amour, la lumière d’Amour qui coule en nous. C’est le sens de pardonner! Donner par amour ce que Dieu donne si généreusement : Sa Lumière d’Amour! Si nous pouvions témoigner, donner par amour cette Lumière d’Amour à l’offenseur, alors presque instantanément la tristesse serait dissipée et un sentiment de gratitude pour lui prendrait place. Présenter des excuses à celui qui offense est important à deux points de vue au moins. Le premier, parce qu’en réalité c’est nous qui avons projeté sur lui notre propre souffrance de la séparation et de ce fait nous lui devons des excuses ! Le deuxième, c’est qu’il y a une loi qui fonctionne toujours : la loi de cause à effet!
Tout ce travail de « donner par amour » peut se faire dans le silence du coeur, lors de la méditation du matin et du soir. L’intention et la sincérité de cette démarche sont fondamentales pour atteindre son but!
Pour se faire, installe-toi dans le silence de ton coeur et visualise un flot de lumière pure reliant ta couronne et troisième oeil à tes pieds et vois se répandre par tes pieds, cette lumière d’Amour jusqu’à la personne concernée, ressens-toi connecté à elle par cette lumière-Amour et laisse s’apaiser la tristesse, laisse naître un sentiment de gratitude. Ne cherche pas à créer le sentiment de gratitude ou quoi que ça soit d’autre. Laisse être et confie ta tristesse à cette vague de lumière-Amour. Garde la conscience de ce processus aussi longtemps que possible, puis élargis le cercle, sens-toi relié à tes amis, voisins, à ton quartier, à ta communauté, ton pays, la terre…. l’univers. Sens que cette rivière de lumière-Amour a une Source Unique et que nous sommes tous reliés à Elle où que nous soyons!

Ecoute le Ney (flûte de roseau) raconter une histoire, il se lamente de la séparation:
« Depuis qu’on m’a coupé de la jonchaie
, ma plainte fait gémir l’homme et la femme.
Je veux un coeur déchiré par la séparation pour y verser la douleur du désir.
Quiconque demeure loin de sa source aspire à l’instant où il lui sera à nouveau uni.
Moi, je me suis plaint en toute compagnie, je me suis associé à ceux qui se réjouissent comme à ceux qui pleurent.
Chacun m’a compris selon ses propres sentiments; mais nul n’a cherché à connaître mes secrets. (Mathnâwî I, 1)

Podcast: Tristesse et pardon

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