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Le repos de l’âme

On parle souvent du repos de l’âme lors du décès de quelqu’un, mais ne serait.il pas souhaitable de s’intéresser au repos de l’âme lors de notre vivant ? En ce qui me concerne, je crois que c’est fondamental, voire même, de l’ordre d’un engagement à honorer ! Oui, j’ai la conviction profonde qu’il appartient à tout individu de se donner les moyens de vivre le plus possible en paix dans son coeur. De vivre sans entretenir les haines, les conflits, les querelles entre individus, tribus ou nations.
Est-il possible d’imaginer obtenir la paix en déclarant la guerre à quelqu’un ? Est-il possible d’imaginer vivre sereinement avec ses voisins si la jalousie, la convoitise, les jugements, le commérage emplissent les coeurs ? Est-il possible de rejeter, juger, critiquer sans entretenir un sentiment d’animosité en son coeur ? Non, je ne le crois pas. Toutes ces attitudes ne peuvent pas préparer le repos de l’âme !
Il est certes bien plus difficile de prendre du temps chaque jour pour pacifier son propre coeur, pour méditer, prier, poser un regard bienveillant sur autrui, que de se voiler la face et de chercher un coupable à l’extérieur. Aussi longtemps que le regard est tourné à l’extérieur, à juger les autres, à médire, à critiquer, rien ne peut se faire à l’intérieur du coeur. Rien si ce n’est maintenir un carcan autour du coeur !
Le repos de l’âme se prépare chaque jour. Nous pouvons en bénéficier quotidiennement pour autant que nous soyons conscients des actes que nous posons et des conséquences engendrées, ainsi que de notre engagement à les assumer. Si nous polissons notre coeur, chaque jour, en agissant simplement plutôt qu’en réagissant émotionnellement, en accomplissant nos tâches avec plaisir plutôt que sous la contrainte, en nous positionnons en égal plutôt qu’en juge, en servant plutôt qu’en exigeant des autres, alors il y a bien des chances pour que notre âme trouve le repos ! Je crois que la parole « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » est très explicite pour l’obtention du repos de l’âme ! Aimer ce qui est en soi, c’est reconnaître et aimer ce qui est aussi dans l’autre ! DIEU ! C’est en Lui que nous pouvons trouver le repos de l’âme !
« Nulle âme n’acquiert rien sans contrepartie, mais nulle n’est chargée du chargement d’une autre. Vers votre Seigneur s’opèrera votre retour ; il vous informera de l’objet de vos différents. » Coran VI,164

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La raison

La réflexion que je vous propose aujourd’hui est tirée du chapitre 12 du Livre du Dedans. Invitation à nous interroger sur les priorités que nous suivons dans notre vie, sur la manière dont nous orientons nos choix, sur notre capacité à utiliser, à juste titre, la raison. Invitation à combattre justement, les seuls ennemis que nous ayons, à savoir nos pensées ! Il est dit dans le Coran : « Nous sommes revenus de la petite guerre pour nous livrer à la grande guerre. » Cela signifie : nous avons jusqu’ici fait la guerre contre des formes, nous combattions des ennemis ayant des formes; à présent, nous combattons les armées des pensées, afin que les bonnes pensées détruisent les mauvaises et les expulsent du domaine du corps. Voilà notre vrai combat. Utiliser la raison pour regarder au fond de nous et agir en conséquence pour que règne la paix, non seulement en nous-mêmes, mais bien pour que cette Paix rayonne au-dehors de nous, avec les autres ! Le grand combat est finalement le combat de l’égo ! Obéir à la raison, autrement dit, à la Sagesse, c’est se soumettre à la volonté divine !

La raison dans le corps de l’homme est semblable à un émir. Lorsque les sujets du corps lui obéissent, tout va bien, mais lorsqu’ils sont désobéissants, tout se corrompt. Ne vois-tu pas, lorsqu’un homme, ayant bu, devient ivre, combien de désordre apparaît dans ses mains, ses pieds, sa langue et les organes de tout son être ?
Les affaires vont bien dans un village quand il s’y trouve un chef et que les autres lui obéissent.
Les êtres humains avec leur intelligence, leur science, leur raison et leur connaissance propres, par rapport au saint, sont exactement comme les membres du corps : c’est lui (le saint) qui est la raison parmi eux. Si ces gens, pareils au corps humain, ne lui obéissent pas, ils auront l’âme en désarroi et remplis de regrets. Si on lui obéit, il faut se conformer à tout ce qu’il recommande, sans se référer à sa propre raison, parce que les hommes peuvent ne pas comprendre par eux-mêmes les actes du saint : il faut donc lui obéir.

Nous sommes tel un apprenti, nous devons suivre les consignes du patron et faire abstraction de nos idéaux, aussi longtemps que nous n’avons pas acquis la finesse du métier. La Sagesse, nous la possédons tous, toutefois, nous ne la maîtrisons pas tous ! Nous avons pour cela, besoin de désapprendre certaines choses, (grand combat) avant d’espérer pouvoir la comprendre et l’utiliser avec raison ! Puissions-nous espérer être touchés par la Grâce de Dieu, car « Lorsque Sa Grâce nous touche, elle remplace cent mille efforts et même davantage. L’effort est bon et très utile, mais en comparaison de la Grâce qu’est-ce ? »

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Partir

Il est dans la nature humaine de chercher à repousser les limites toujours plus loin. Limites physiques, intellectuelles, éducationnelles, politiques… tous les domaines sont concernés par cette quête. Pourtant ce besoin de rechercher ailleurs plus et mieux, nouveauté et insolite est mû par la quête intérieure du divin, quand bien même beaucoup le nient ou font comme si ils l’ignoraient ! Partir à la recherche du sensationnel, des émotions fortes, prend souvent le dessus, espérant ainsi nourrir un besoin de notoriété, de gloire, de pouvoir, de reconnaissance et de ce fait, se sentir quelqu’un ! Combien parmi ces chercheurs aboutissent vraiment à une satisfaction sincère ? Combien gardent un goût amer au fond d’eux ? Combien se sentent plus glorieux et plus vivants ? Qu’ont-ils finalement découvert au-delà de leur satisfaction sensorielle ou intellectuelle ? Leur besoin est-il assouvi ? Pourquoi alors continuer à chercher avec frénésie si l’objet du désir a été trouvé ? Comment se fait-il que le besoin de partir encore et encore, ailleurs et plus loin ne se calme-t-il pas ? Pourquoi la faim « du pouvoir » n’est-t-elle pas rassasiée ? Pourquoi l’intellect cherche-t-il à justifier ce qu’il ne comprend pas ? Pourquoi continuer à détruire les beautés naturelles de ce monde sous le couvert des découvertes scientifiques ou personnelles ? Pourquoi tant de mépris ou si peu de respect pour la Vie ?
Partir à la recherche du divin en soi est certes bien moins glorieux, moins clinquant, beaucoup plus discret et peu populaire finalement, mais ô combien plus nourrissant, combien plus satisfaisant et réjouissant ! Partir pour ce long voyage intérieur à la rencontre du plus grand de tous les trésors jamais découverts demande plus de courage et d’endurance que de gravir des sommets, que de dépasser ses limites physiques et psychiques au détriment de la vie d’autre personnes parfois… hélas ! Oui, partir pour ce périple spirituel auquel nous sommes destinés est périlleux ! Dangereux dans le sens que nous pouvons nous égarer, nous perdre dans les méandres de l’égo et le brouillard du mental. Dangereux dans la mesure où nous croyons pouvoir traverser les terres inconnues seuls, sans guide intérieur. Partir à la rencontre du Bien-Aimé est un besoin ! Une nécessité absolue ! Quand vient le moment de partir, rien ne peut plus nous arrêter, rien ni personne ! Quelque chose se met en mouvement, en marche au fond du coeur, au fond de l’âme. Quelque chose qui nous tire, nous guide, nous nourri, prend soin de nous, de notre santé physique et psychique, de notre Être tout entier ! Le Bien-Aimé est déjà là ! Il n’est plus à chercher ! Il est trouvé ! C’est la raison de la Quête ! IL EST LÂ ! Partir alors, n’a plus le même sens, cela signifie REVENIR ! RESTER ! APPARTENIR ! ÊTRE !

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Reviens

Ce matin, un tumulte envahissant à l’intérieur de moi, me tira du sommeil. Comme un cheval fou, enfermé dans un enclos, mon égo se débattait, ruait, hennissait ! Il menait un tel combat, mettait une telle force à se débattre contre un envahisseur imaginaire que j’en restai stupéfaite ! Je me retrouvai soudain dans une situation étrange, tentant de calmer un coursier qui se prenait pour un âne pris au piège ! Lui qui a expérimenté les grands espaces de la Grande Félicité, lui qui a galopé librement dans cette immensité d’Amour, sans crier gare, s’est imaginé être prisonnier dans l’exiguïté d’un enclos, tentant par là de me distraire du bonheur de la rencontre du Bien-Aimé ! Je me retrouvai pour quelques instants comme partagée entre le fait de raisonner cet égo-fou ou rester calmement dans l’immensité rassurante de la Présence du Bien-Aimé ! Une douleur me traversa la poitrine, comme me déchirant et j’entendis résonner ce merveilleux poème de Rûmî :

« Jusqu’à quand reculeras-tu ? Avance !
Ne va pas vers l’impiété, viens vers la religion.
Dans la douleur, vois la douceur. Viens vers la douleur.
Reviens enfin à l’origine de ta propre origine.
Bien qu’en apparence tu sois issus de la terre,
Tu es le fils des perles de la certitude,
Tu es le gardien fidèle du Trésor de la Lumière divine,
Reviens enfin à l’origine de ta propre origine.
Quand tu t’attaches au détachement de toi-même,
Sache-le, tu es délivré de ton moi,
Tu as échappé à la prison aux mille pièges […] »

Il est vrai que rien n’est jamais acquis définitivement et que cycliquement, comme pour tester la stabilité de la Foi, la force de la confiance ou comme pour nous interroger sur nos intentions et les actes posés, des « tremblements de terre » se font sentir, la peur de perdre ce qui est presque acquis surgit et tout peut alors basculer en quelques fractions de secondes ! C’est là, je crois, les plus belles opportunités d’expériences spirituelles qui nous sont offertes ! Reconnaître simplement ce qui est en train de se dérouler est sagesse.

« Si ta foi a pour but la sécurité,  cherche la sécurité dans la solitude de la retraite.
Qu’est-ce que la retraite ? C’est la résidence du coeur. Fais ta demeure dans la quiétude du coeur » (Rûmî)

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La voie du détachement

Vaste sujet que celui de la voie du détachement ! Sujet qui me tient à coeur et qui, à lui seul, pourrait servir de méditation et de cheminement spirituel. Sujet à explorer, expérimenter, vivre et s’y abandonner!

Au chapitre trente-neuf du Livre du Dedans, Rûmî nous parle de la voie du détachement en ces mots :
« La voie du détachement est une voie par laquelle tu arrives à satisfaire tous tes désirs. Tu sais que tout ce que tu avais désiré se réalisera sûrement dans cette voie. Quand tu auras choisi la voie du détachement, tu accumuleras les victoires. A l’inverse des autres voies : quand on les parcourt et que l’on fournit des efforts, sur cent mille personnes une seule atteint le but, sans que son coeur soit pour autant satisfait et en paix; pour chaque voie, il existe des moyens pour parvenir au but. Quand tu es entré dans le monde du détachement et que tu t’y exerces, Dieu le Très Haut t’octroie des mondes que tu ne t’étais pas figurés. »
Lorsque nous désirons sincèrement quelque chose, non pas uniquement pour s’enrichir matériellement mais bien plutôt pour nourrir un besoin du coeur ou de l’âme, que nous nous impliquons dans sa recherche avec amour et confiance, sans relâche, arrive un jour, où à l’intérieur de notre coeur, l’amour change ! Et comme par enchantement, ce que nous avions espéré posséder, ce que nous avions tant désiré devient sans importance en comparaison de la grandeur d’Amour qui s’éveille alors à notre conscience ! Et pourtant Dieu nous accorde tout ce que nous avions souhaité et bien plus encore ! Sans compter, avec Générosité Il nous comble de Son Amour ! « L’amour ne se détruit que par un autre amour ! » Cet adage prend tout son sens dans la voie du détachement ! Seul un Amour plus Grand peut combler tous nos désirs pour autant que nous choisissions de  nous investir dans cette voie ! Et rien n’est jamais acquis une fois pour toute ! Chaque jour, nous avons la responsabilité de poursuivre sur cette voie et de glaner les richesses octroyées ! C’est ainsi que la paix réside dans le coeur, que le silence règne dans la sphère émotionnelle et que la tranquillité réside dans le corps ! Autrement dit : « Ni la faim, ni la soif, ni la fatigue ne trouble celui qui marche sur le chemin de Dieu. » « Pour quiconque renonce à soi-même, nous dit encore Rûmî, tous les buts, religieux et profanes deviennent accessibles. »

Il est survenu l’Amour
Comme le sang il coule dans mes veines
Il m’a vidé de moi
Il m’a rempli de l’Aimé
L’Aimé a envahi
Chaque parcelle de mon être
De moi ne reste qu’un nom
Tout le reste, c’est Lui

Podcast et intermède musical: La voie du détachement

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